Date de publication :  13 avril 2023.

Aujourd'hui nous sommes le : 16/04/24.   

Un micro electret pour mon violon

Ce ne sont que quelques composants...

Les mêmes après quelques brasures et un usage immodéré de gaine thermorétractable.

A la lumière des avis et vidéos que l'on peut trouver sur internet il apparaît que la solution de référence pour la sonorisation du violon acoustique est désormais la pastille electret. J'ai trouvé les informations les plus pratiques concernant cette technologie sur le site sonelec

Comme d'habitude dans ce domaine les propositions commerciales semblent très onéreuses lorsque l'on considère la simplicité des schémas et le coût des composants utilisés: plusieurs centaines d'euros sont demandés alors que l'on trouve des pastilles electret à 1,5€ ! Donc, cela donne, une fois encore, très envie d'essayer.

Ceci étant il n'est pas si simple de trouver une pastille electret avec des caractéristiques satisfaisantes. Il est écrit un peu partout le plus grand bien de la pastille Panasonic WM61A sur les sites DiY états-uniens mais elle n'est est visiblement plus fabriquée. Il faut donc fouiller dans les catalogues et datasheet pour trouver son bonheur. L'alternative serait de récupérer un composant sur un téléphone portable réformé mais il faudrait passer sans doute pas mal de temps en expérimentations pour sélectionner un composant convenable et l'alimenter correctement.

Mon choix s'est porté sur le composant AOM-6738P-R de Projects unlimited, un des meilleurs choix que j'ai pu trouver chez Farnell. La courbe de réponse couvre bien le spectre à transmettre, le rapport signal bruit de 60db est suffisant et la sensibilité à -38db est plutôt bonne. Le reste des caractéristiques est standard et le datasheet est disponible. En fait certaines solutions commerciales en vue annoncent un rapport signal/bruit plus élevé à 70db, c'est sans doute un avantage pour des enregistrements en studio. Je verrai à l'usage si de telles caractéristiques sont vraiment nécessaires en sonorisation.

La cellule que j'ai choisie est omnidirectionnelle ce qui peut être ennuyeux car elle est,a priori, plus sensible au Larsen qu'une cellule directionnelle (cardioide ou hypercardioide). Cependant comme la cellule est destinée à être placée très près de la table d'harmonie et du chevalet une omnidirectionnelle est sans doute préférable contrairement à ce que semble être l'évidence.

En effet, une cellule directionnelle n'a plus du tout une courbe de réponse plate en champ proche. De plus, l'avantage théorique vis à vis du Larsen n'est pas vraiment avéré dans cette utilisation très proche de l'instrument car une bonne partie du retour des hauts parleurs est réfléchi par la table d'harmonie vers la cellule. Enfin, pour une cellule omnidirectionnelle, le risque de déclenchement sournois du Larsen en cas de déplacement de l'instrument est minimisé car l'orientation relative de la cellule vis à vis des hauts parleurs ne change alors pas vraiment (elle n'a pas d'orientation propre).

Enfin tout ceci c'est la théorie et cela  demande comme d'habitude à être vérifié à l'usage.

A ce sujet les fabricants annoncent toujours une insensibilité parfaite de leur produit au Larsen et, quand on lit les avis des clients, la réalité semble beaucoup moins idyllique...!

Une fois la cellule choisie il faut concevoir son intégration dans la chaîne d'amplification. Mon objectif est de brancher mon micro sur une entrée micro symétrique XLR  de table de mixage. Comme je ne serai pas forcément en situation de gérer moi même cette table de mixage il ne faut pas que je crée de contrainte particulière pour l'ingénieur du son. 

Il y a deux questions à traiter :

- Le choix de l'alimentation de la cellule, phantom ou autonome.

- La transformation du signal asymétrique sur 2 fils fourni par la cellule en un signal symétrique sur 3 fils.

On peut trouver, sur internet, une solution très simple de branchement de micros asymétriques sur des XLR en pontant la broche 3 (signal froid) et la 1 (masse). Ce n'est pas une très bonne idée si l'ingénieur du son utilise l'alimentation Phantom car cela revient à la mettre en court circuit ! . (pour mémoire l'alimentation phantom consiste à envoyer un + 48v sur les bornes 2 et 3  du signal, pour alimenter les micros qui ont justement besoin d'une alimentation) . Pour autant, je ne retiens pas non plus l'usage de l'alimentation phantom pour mon micro car il est possible que l'ingénieur du son ne veuille pas l'utiliser (par exemple si d'autres micros ne sont pas cablés de manière compatible !). Je vais donc mettre en œuvre une alimentation autonome avec 2 piles AA.

Le schéma qui résulte de ces considérations est assez simple:

Le dispositif se branche sur un cable micro standard relié à une entrée micro de la table de mixage. J'utilise du cable blindé symétrique jusqu'à la cellule mais sans raccorder le boîtier de la cellule à la masse. Je dispose une "connexion instrument" au niveau de la mentonnière du violon pour faciliter les montages et démontages. L'ensemble est donc constitué de 2 parties, du micro à la mentonnière et de la mentonnière au boîtier. Le cable intermédiaire va de la mentonnière au boîtier qui peut ainsi reposer à terre. Dans le boîtier, en plus des 2  piles AA, je dispose un interrupteur pour ne pas les décharger prématurément et une led (avec sa résistance rl) pour ne pas oublier d'ouvrir l'interrupteur après utilisation! De plus,la led sert à savoir quand il faut changer les piles. Il serait aussi possible de prévoir une commutation supplémentaire et quelques composants pour utiliser ou non une alimentation phantom, mais j'ai préféré, pour une première réalisation, faire simple.

L'électronique se réduit à 3 résistances, 2 condensateurs, une led, l'interrupteur, la connectique et la boîte des piles. Quelques essais sont nécessaires pour valider le schéma et les valeurs de composants.

Le schéma  est donc implanté Sur une plaque d'essais. Le haut parleur du clavier sur lequel est posée la plaque  me sert à produire de manière continue  un son qui est  capté par la cellule.  Le signal qui en est issu est visualisé sur un oscilloscope. Je peux valider les valeurs de R=2,2 KOhm et C=1µF.

Je mesure aussi  l'impédance du micro. Le signal est approximativement divisé par 2 en insérant une charge de 2,2 KOhm. C'est donc cette valeur de 2,2  KOhm qui est l'impédance du micro (cf. explication dans un micro guitare basse impédance). Les lecteurs de l'article sur le micro  guitare magnétique seront peut être surpris de voir que cette valeur n'est pas du tout idéale pour attaquer une table de mixage dont l'entrée est à environ 3KOhm, la règle des 1/10 n'est ici, pas du tout respectée. Cependant ce n'est pas vraiment gènant dans ce cas, car le niveau obtenu est beaucoup plus important que dans le cas de mon micro magnétique (au moins 6 fois). Et on peut se permettre d'en perdre la moitié !

On peut passer à l'implantation dans un boîtier "définitif". Il s'agit d'un ancien boîtier de transmetteur réformé dont j'ai conservé l'interrupteur d'origine (coté gauche sur la photo) . Les composants sont soudés sur une petite plaque pré-percée et collée dans le boîtier. Le reste des éléments, arrivées des câbles , led, support des piles.. est aussi collé au boîtier

Le voici fermé, on remarque la Led, le gros connecteur XLR pour liaison vers la table et le petit Jack 3,5  de raccordement instrument avec la longueur de cable qui va bien :

Pour les aspects pratiques de réalisation j'ai aussi trouvé beaucoup d'intérêt à lire le site : http://luckymics.over-blog.com/

Je peux essayer mon nouveau micro sur mon violon.

Le micro fonctionne bien avec un niveau largement suffisant pour attaquer la table de mixage.

Le maintien par velcro est moyennement pratique et assez peu esthétique, c'est un point à améliorer.

Un autre point délicat est la connexion instrument. Le Jack 3,5 peu fiable genère du bruit lorsque l'on bouge.Il faut que je le remplace par quelque chose de plus qualitatif, sans doute du mini XLR. Je n'avais pas eu le même souci sur mon micro guitare magnétique mais les connecteurs ne sont pas les mêmes et j' ai aussi utilisé la guitare uniquement assis.

Une autre amélioration envisageable est de supprimer sur la cellule la liaison entre le signal froid et la masse, en coupant la piste au cutter. Cela permet de raccorder la carcasse de la cellule à la masse (Broche 1 XLR).

Dernières modifications et nouveaux essais

Pour finir j'ai adopté un mode de fixation encore plus simple et plus eficace qui immobilise bien le micro à environ 2mm de la table.

Et, j'ai remplacé le jack par un connecteur mini XLR bien plus fiable.

A l'occasion de la Saint Patrick j'ai pu essayer l'ensemble en conditions réelles de sonorisation dans une grande salle de bal. Les résultats sont très satisfaisants. Le son est bon, l'ensemble micro et câble ne gêne pas, les bruits parasites sont absents et il n'y a pas, non plus, de Larsen ingérable.

Retour à   Electroacoustique

  ⌂ Accueil     ⇧ Haut de page  

Nombre de visites :   282    

Le contenu de ce site est libre et mis à disposition selon les termes de la Licence Art Libre
et selon ses termes de confidentialité

Le site est construit par Jakez avec Wagtail et hébergé par o2switch