Les outils à main
Il est tout à fait possible de réaliser un violon uniquement avec des outils à main, c'est bien ce qu'ont fait nos illustres prédécesseurs, et, pour la réalisation à l'unité, la mécanisation n'apporte pas grand chose. Nombre de ces outils sont les mêmes que ceux des ébénistes ou sculpteurs. Quelques uns sont vraiment spécifiques.
S'il est un enseignement important du manuel, c'est la nécessité de disposer d'outils coupants toujours très...très bien affutés. On a toujours trop tendance à prolonger le travail en cours avec un outil qui commence à s'émousser. Il faut savoir interrompe son travail et retourner à la pierre autant que nécessaire et avant qu'il ne soit trop tard.
Les outils dont je me suis équipé sont donc :
- Des gouges, 5 tailles différentes m'ont suffit. | ![]() |
- Des ciseaux à bois, 2 tailles. | |
- Un bédane à filets, il est livré brut et il faut le meuler aux dimensions de la gorge des filets. | ![]() |
- Des ratissoirs, j'utilise un jeu composé de diverses formes que l'on trouve fréquemment, j'ai juste découpé en 2 la forme courbe pour disposer d'un outil adapté précisément à la courbe du ragreyage. | ![]() |
- Des rapes et des limes, je n'ai utilisé les premières que pour le manche, alors que les limes m'ont servi pour toutes les finitions. | |
- Un trusquin à filets, c'est à dire avec deux lames. | ![]() |
- 2 scies japonaises.Le pays du soleil levant n'est pas seulement le pays des sabres qui découpent les ennemis en rondelles mais aussi celui de magnifiques outils d'ébénisterie. Quand on a essayé une scie japonaise on ne sait plus utiliser une égoîne classique tellement la performance n'a rien à voir. Celle de la photo est une vraie japonaise comme l'indique le très joli manche en jonc, J'ai aussi acquis une plus petite scie dans le supermarché L...i où je fais mes courses, le jour des approvisionnements en outils. Elle rend service mais ce n'est pas la même chose. | ![]() |
- Des canifs, on achète la lame que l'on insère dans un manche acheté ou fait maison. Les miens sont aussi faits d'acier Japonais... ce qui donne une bonne idée de l'efficacité des armes des samouraîs. Parmi ces canifs s'est glissé un couteau à huitre réformé après une rencontre avec une huitre trop dure. Une fois profilé et bien affuté il fait parfaitement l' affaire pour certains usages. J'ai aussi un opinel N°5 qui me sert de temps en temps. | ![]() |
- 1 rabot de type N°4 qui a peu servi car j'ai préféré utiliser pour cette activité les outils électriques: la défonceuse ou la raboteuse dégauchisseuse (cf. ci après). |
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- 1 petit rabot métallique, très pratique et bon marché que j'ai utilisé pour la touche. |
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- Deux petits rabots noisettes à semelle courbe, utilisés principalement pour le travail des voûtes de la table et du fond. J'ai aussi réalisé un rabot à semelle plate "maison" qui sert beaucoup moins. | ![]() |
- Un étau de sculpteur, à vrai dire je l'ai acheté pour faire de la sculpture mais il a aussi tout son intérêt en lutherie. | |
- Une lousse, ou alésoir conique affectée à l'alésage des trous du chevillier. |
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- Les outils consacrés à l'âme: Une pointe à àmes, un appareil de mesure de la hauteur entre fond et table et l'outil spécifique maison . | ![]() |
- Une scie cadre pour la découpe de la table et du fond. | |
- Des petites limes pour les rainures du sillet. Ces limes ne sont pas spécifiques du violon. Je m'en suis aussi servi pour règler l'action d'un Ukulele et le rendre (à peu près) juste. | ![]() |
- Des serres joints de toutes sortes. |
Les instruments de mesure
Je ne détaille pas les outils nécessaires au dessin. Pour prendre des mesures sur les composants du violon en cours de réalisation j'ai utilisé les instruments suivants.
- Un réglet de 50cm qui permet de prendre toutes les mesures courantes. | ![]() |
- Un pied à coulisse, car la lutherie est souvent l'affaire de fractions de mm. | |
- Un compas d'épaisseur. | |
- Un comparateur, monté dans un dispositif spécifique, ci après. | |
- Un thermomètre sans contact, très utile pour la surveillance de la colle et indispensable pour l'élaboration du vernis. | |
- Une balance roberval pour relever les masses des plaques. | ![]() |
- Un micro ordinateur, c'est effectivement un appareil de mesure pour les relevés acoustiques mais pas que...C'est aussi l'outil sur lequel je suis en train d'écrire en ce moment et l'outil qui m'a permis de faire tous les petits calculs et reproductions diverses de ce projet. Pour ce qui concerne l"aspect logiciel, je désespérais de trouver un générateur basse fréquence "clés en mains" pour Linux (j'ai totalement abandonné windows depuis mon changement d'activité). J'ai alors découvert le site GNU radio companion.(https://wiki.gnuradio.org/index.php/GNURadioCompanion#GNU_Radio_Companion). qui propose un "DSP" ou logiciel de traitement numérique du signal qui n'est pas vraiment destiné a priori à cet usage mais qui s'avère en définitive tout à fait adapté |
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Les outils electriques
Comme Paul Altenburger je pense qu'il ne serait pas raisonnable de se passer des outils ou machines electriques à chaque fois que cela apporte vraiment un plus en limitant les opérations sans intérêt ou celles où l'usage de la machine limite le risque de perdre une ébauche. J'ai, en fait, assez peu utilisé ces outils mais ils ont été à chaque fois très précieux.
J'aurais aimé disposer d'une scie à ruban mais j'ai pu m'en passer. En revanche, j'ai utilisé les outils suivants:
- Une scie sauteuse, pour la découpe grossière de la table et du fond en complément de la scie à cadre lorsque j'en ai eu marre de scier à la main. | |
- Une perceuse "ordinaire" montée sur son support vertical pour percer le contour du manche et les trous du chevillier. | ![]() |
- Une mini perceuse et son support, pour les petis trous de centrage de la table et du fond et le trou de passage des cordes dans les chevilles. | ![]() |
- Une défonceuse, pour le joint central de la table, l'arasement des tasseaux et le contour du moule. | |
- Une ponceuse excentrique pour la mise à épaisseur des éclisses. | |
- Une raboteuse dégauchisseuse, je dispose d'une ancienne peugeot avec laqelle j'ai pu dresser l'ébauche du manche et la face inférieure de la touche. | |
- Une scie circulaire sur table, cela m'a permis de découper aisément le talon du manche à l'angle adéquat dès le début du travail. | ![]() |
Les dispositifs maison
La lutherie requiert quelques outils spécifiques qui peuvent être onéreux. J'ai réalisé ce qui m'était nécessaire ou détourné des objets du quotidien.
Le fer à cintrer. Il s'agit d'un vieux tube de cuivre récupéré sur une ancienne évacuation sanitaire. Un tube en inox améliorerait sans doute l'outil.
Le tube est calé par un bloc de plâtre emplissant une boîte en bois qui contient également le circuit électrique. Une lampe halogène de forte puissance placée à l'intérieur du tube et alimentée par un variateur assure le chauffage. Le variateur permet un réglage précis de la température de surface du tube: cette température est réputée adéquate lorsque des gouttes d'eau pulvérisées sur le tube roulent sur le métal. Attention! Le tube doit impérativement être relié à une bonne terre, ce qui réprésente une protection élémentaire si l'ampoule venait à claquer.
Un pot à colle, anciennement cocotte minute (un peu grande!) sur plaque électrique. On peut noter l'intérêt du thermomètre sans contact avec lequel je mesure la température de la colle.
Le support du moule pour les phases préliminaires. Ce support facilite le report symétrique du dessin, le positionnement des tasseaux leur arasement à la défonceuse ainsi que le collage des éclisses.
Le support de la table ou du fond pour les opérations de creusage.
Un appareil de mesure d'épaisseur, réalisé en montant un comparateur sur un support en bois.
Un accessoire servant de guide de profondeur pour le creusage de la table et du fond. Pour l'utiliser on dispose la plaque entre la pointe et la tête de vis arrondie puis on abaisse le levier. Le bois est marqué à la profondeur règlée par l'écart entre la pointe et le tête de vis arrondie. Il suffit de faire disparaître la marque lorsque l'on creuse pour obtenir la bonne épaisseur. Le principe de cet outil est ancien, Stadivarius disposait lui même d'un outil analogue.
Des presses à tabler. Pour les faire, j'ai coupé des rondelles dans un manche d'outil en hêtre puis je les ai percées et montées avec la visserie adéquate (diam 6mm) et garnies de patins de feutre pour pieds de chaises dans le but de ne pas marquer les surfaces serrées.
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Des presses à contre-éclisses faites de pinces à linge renforcées avec des gros élastiques (fournitures de bureau). C'est très efficace.
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- Écrit par jakez
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